Il y avait aussi beaucoup de frustrations, je crois qu'il est tentant d'idéaliser cette période car cela correspond à notre jeunesse mais il ne faut pas oublier aussi tous les mauvais moments.
par exemple je me souviens, moi qui appartenais à la plèbe, jalouser terriblement les pr qui pouvaient se trouver devant lorsqu'il y avait ces manisfestations internationales et que nous allions prendre le saint verbiage directement à sa source, c'était dur de faire tous ces trajets parfois dans des conditions difficiles pour être loin de la scène.
Le paradis c'était quand on me donnait l'occasion de faire du service (sécurité) et qu'on me plaçait pour la soirée près de la scène ou par exemple dans le jardin d'orangers à proximité de la divine résidence. Non mais vraiment si on faisait cela aussi c'est quand même bien parce qu'on était convaincus qu'il s'agissait d'un représentant direct du bon dieu sur terre, ou quelque chose d'approchant, parce qu'autrement quel intérêt de passer des nuits pour garder les terrains des programmes en se disant ils sont là pas loin... là tu es au paradis...
Les instructeurs semblaient marcher sans toucher le sol tellement ils étaient transportés lorsqu'ils avaient la chance d'avoir des entretiens en petits groupes avec gougou, et nous on était transportés de voir les instructeurs transportés. mais le gougoug qui le voyait vraiment dans sa vraie vie à part sa propre famille? il y avait un entrainement collectif basé sur la rareté de la présence de gougou : ce qui est rare est cher, ce qui est cher est précieux, c'est aussi con que ça...
Malaga, la cabane infecte que l'on a nettoyée et repeinte pour que gougou puisse, s'il voulait, éventuellement, venir voir son âne qu'il avait offert à sa fifille, puisse s'y reposer, moi, on m'avait installée là pour garder les sandwiches, comme j'étais affamée ça tombait bien, et nous nous relayions pour garder les sandwiches stockés là pour les gens de la sécurité, enfin je crois, enfin tout ça, et puis arti chanté au lever du jour, non mais nous on était au purgatoire (car le paradis c'était d'être physiquement avec lui) -pardon pour ces métaphores chrétienns mais il ne m'en vient pas d'autres- enfin, si nous n'avions pas été convaincus du caractère sacré de notre action nous n'aurions pas déployé toutes ces énergies les uns et les autres...